Thursday, October 27, 2005

Le Prisonnier


Notre Père qui êtes aux cieux,
si vraiment tu avais voulu
te faire aimer des hommes,
tu les aurais crées autrement...


...autrement, qu'à ton image.





A votre tour, Monsieur Boris Vian:

"Le Prisonnier"

Un soldat se traînait sur la route
Les deux poignets liés
Un soldat se traînait sur la route
Avec ses vieux souliers
Tout le long de la ville
Il y avait des veuves
En le voyant si triste
Se mettent à pleurer
Marche, brave soldat, marche
Sur la route, marche
Ils t'ont fait prisonnier

Ils l'ont mis dans une forteresse
Les deux poignets liés
Ils l'ont mis dans une forteresse
Accroché par les pieds
Des hommes sont venus
Des lames affilées
Le sang sur sa peau nu
Commence à ruisseler
Parle, brave soldat, parle
Il faut que tu parles
Car tu es prisonnier

Si je dis ce que je ne veux dire
Je pourrai m'en aller
Si je dis ce que je ne veux dire
Ils vont me libérer
Mais si je veux me taire
Jamais ne reverrai
Ma femme ni ma mère
Et mes enfantelets
Pleure, brave soldat, pleure
Il faut que tu pleures
Comme les prisonniers

Quand il eut vendu ses camarades
On l'a laissé aller
Quand il eut vendu ses camarades
On l'a laissé aller
Portant sa pauvre honte
Son pauvre corps blessé
S'en alla sur la route
Avec ses vieux souliers
Marche, brave soldat, marche
Sur la route, marche
Car ils t'ont libéré

Quand il est rentré dans sa demeure
Le temps avait coulé
Quand il est rentré dans sa demeure
Une lettre il a trouvé
Pardonne-moi, mon homme
On ne peut pas toujours
Coucher avec un rêve
Et se passer d'amour
Crève, brave soldat, crève
Mieux vaut que tu crèves
On ira t'enterrer...


Saturday, October 22, 2005

"Retiens le son de ma voix..."





"Retiens le son de ma voix, souviens-toi des paroles de la chanson que je t'ai apprise, et toujours tu seras protégé."

Daekin l'Aérien, Barde d'Alahan.

Gravure illustrant le Chant V de l'Odyssé, La grotte de Calypso

"Lembra-te do som da minha voz, lembra-te das palavras da cansao que te ensenei, e sempre tu seras protegida."

"La ville s'endormait..."


"La ville s'endormait
Et j'en oublie le nom
Sur le fleuve en amont
Un coin de ciel brûlait
La ville s'endormait
Et j'en oublie le nom
Il est vrai que parfois près du soir
Les oiseaux ressemblent à des vagues
Et les vagues aux oiseaux
Et les hommes aux rires
Et les rires aux sanglots
Il est vrai que souvent
La mer se désenchante
Je veux dire en cela
Qu'elle chante
D'autres chants
Que ceux que la mer chante
Dans les livres d'enfants
Mais les femmes toujours
Ne ressemblent qu'aux femmes
Et d'entre elles les connes
Ne ressemblent qu'aux connes
Et je ne suis pas bien sûr
Comme chante un certain
Qu'elles soient l'avenir de l'homme"


Jacques Brel, extrait de "La ville s'endormait"

Wednesday, October 05, 2005

"Et voici ma terre..."

La vallée du Douro

"Et voici ma terre..."

Les photos des premiers articles de mon blog ne sont pas quelques photos des meilleurs endroits du Tras-os-Montes, la beauté du lieu pourrait faire croire de prime abord qu'il s'agit de photos choisies pour leur beauté. Non, il ne s'agit pas d'une selection , mais d'une part infime de la beauté originelle, permanente, de ce pays que je vais tâcher de rendre vivante sur ces pages par le souvenir quotidien, et émergeant chaque jour plus fort , à mesure que je sens la vie s'écouler en moi, comme quelque chose me ramenant à ce que j'ai de plus premier, de plus pur: mon pays.

Il est vrai que j'ai mis plusieurs photos, mais sans peut-être parler assez de cette terre qui est la mienne, cette terre, seul être vivant à m'avoir vue grandir, à m'avoir accueillie en son sein pour grandir; ces montagnes dont je connais par coeur la silhouette, ces chemins que je saurais retrouver les yeux fermés, où qu'ils serpentent, oubliés de tous depuis tant d'années, cette sensation d'appartenir à la terre toute entière et non pas d'en être spectateur, voilà ce que je tâcherai de peindre ici pour rendre le plus bel hommage à mes montagnes intemporelles.

Voici donc une invitation, non pas à comtempler la beauté des photos de ce pays, mais à être acteur de cette beauté, à la ressentir et à la découvrir sous ces formes multiples, comme un retour à quelque chose que nous n'aurions peut-être jamais du quitter, sinon pour être capable d'en mesurer la grandeur.


Tuesday, October 04, 2005

Aldonza



"Aldonza"
dans l'opéra "L'Homme de la Mancha"
de Jacques Brel

Je suis née comme une chienne une nuit où il pleuvait
Je suis née et ma mère est partie en chantant
Et je ne sais rien d'elle que la haine que j'en ai
J'aurais dû venir au monde en mourant

Eh bien sûr, il y a mon père, on dit, on dit souvent
Que les filles gardent leur père au profond de leur cœur
Mais je n'ai pas su mon père, mon père était plusieurs
Car mon père était un régiment
Je ne peux même pas dire s'ils étaient andalous ou prussiens
Sont-ils morts vers le nord, sont-ils morts vers le sud
Je n'en sais rien !

Une Dame, et comment veut-il que je sois une Dame ?

J'ai grandi comme une chienne de carrefour en carrefour
J'ai grandi et trop tôt sur la paille des mules
De soldat en soldat, de crapule en crapule
J'ai connu les bienfaits de l'amour
Et je vis comme une bête, je fais ça comme on se mouche
Et je vis sans savoir ni pour qui ni pour quoi
Pour un sou je me lève, pour deux sous je me couche
Pour trois sous je fais n'importe quoi !
Si vous ne me croyez guère, pour trois sous venez voir le restant
De la plus folle des fiancés au plus crapuleux des brigands de la terre

Mais chassez donc vos nuages et regardez-moi telle que je suis
Une Dame, une vraie Dame a une vertu, a une âme
Dieu de Dieu, de tous les pires salauds que j'ai connus
Vous qui parlez d'étoile, vous qui montrez le ciel,
Vous êtes bien le plus infâme, le plus cruel
Frappez-moi, je préfère le fouet à vos chimères,
Frappez-moi jusqu'au feu, jusqu'au sol, jusqu'à terre
Mais gardez votre tendresse, rendez-moi mon désespoir
Je suis née sur le fumier et j'y repars,
Mais je vous en supplie, ne me parlez plus de Dulcinéa
Vous voyez bien que je ne suis rien, je ne suis qu'Aldonza la putain

La Quête


"La Quete" dans l'opéra
"L'Homme de la Mancha"
de Jacques Brel

Rêver un impossible rêve
Porter le chagrin des départs
Brûler d'une possible fièvre
Partir où personne ne part

Aimer jusqu'à la déchirure
Aimer, même trop, même mal,
Tenter, sans force et sans armure,
D'atteindre l'inaccessible étoile

Telle est ma quête,
Suivre l'étoile
Peu m'importent mes chances
Peu m'importe le temps
Ou ma désespérance
Et puis lutter toujours
Sans questions ni repos
Se damner
Pour l'or d'un mot d'amour
Je ne sais si je serai ce héros
Mais mon cœur serait tranquille
Et les villes s'éclabousseraient de bleu
Parce qu'un malheureux

Brûle encore, bien qu'ayant tout brûlé
Brûle encore, même trop, même mal
Pour atteindre à s'en écarteler
Pour atteindre l'inaccessible étoile.